Le sentier des douaniers : sur les traces des contrebandiers

Difficile d’imaginer que ce tranquille chemin de Grande Randonnée, tant prisé pour la beauté de ses paysages, fut autrefois le théâtre de luttes acharnées entre douaniers et contrebandiers ! Et pourtant, il porte encore les stigmates de cette époque : les corps de garde et les tours de gué disséminés le long des quelques 1800 kilomètres du chemin en témoignent. Aujourd’hui le sentier des douaniers fait partie des GR favoris des Français : sa facilité d’accès, son magnifique itinéraire serpentant le long du littoral, sa biodiversité et ses vues imprenables sur la mer, sont autant d’arguments qui séduisent petits et grands marcheurs ! Envie d’en prendre plein les yeux ? Suivez les marques rouge et blanche pour partir à la découverte des plus beaux paysages du Finistère !

L’histoire du sentier des douaniers

Saviez-vous que lorsqu’on emprunte le sentier des douaniers, on marche aux côtés de plus de 300 ans d’histoire ?

Tout commence au 17e siècle. Le contrôleur général des finances de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert, instaure des tarifs douaniers élevés aux frontières françaises avec pour objectif de limiter les importations – notamment l’entrée des produits anglo-hollandais -, et de favoriser les manufactures royales, auxquelles le Roi avance des capitaux et assure des privilèges. Le tarif Colbert – premier tarif douanier moderne -, voit le jour. Une surveillance est également mise en place au niveau des côtes.

C’est en 1791 qu’est créé, en Bretagne, le sentier des douaniers. Les patrouilles ont alors pour ordre de sillonner jour et nuit et par tous les temps le chemin. Depuis des postes bien dissimulés, les douaniers observent les lieux propices aux débarquements illicites. Leurs missions sont multiples : surveiller les côtes pour taxer les marchandises anglo-hollandaises, empêcher la contrebande (notamment celle du sel, objet de toutes les convoitises à l’époque), et empêcher le pillage des épaves échouées, qui rappelons-le, devenait propriété de l’État et devait par conséquent être systématiquement déclarées à la douane.

Au début du 20e siècle, le développement des nouvelles techniques de transport des marchandises rendent obsolète l’utilisation du sentier par les douaniers. Celui-ci tombe en désuétude jusqu’en 1967, quand une poignée d’hommes passionnés décident d’en faire un chemin de randonnée. Les premières marques rouge et blanche qui balisent l’itinéraire apparaissent près de Lannion donnant naissance au célèbre GR34. Aujourd’hui, le sentier des douaniers – ou GR34 – fait le tour du littoral breton, du Mont-Saint-Michel au pont de Saint-Nazaire, et déroule plus de 2000 kilomètres de chemins balisés pour le plus grand plaisir des randonneurs !

Le GR 34 en Finistère Sud

Le Finistère Sud regorge de beaux sentiers de randonnée. Le tronçon du sentier des douaniers du Finistère Sud est certainement l’un des plus exceptionnels. Son itinéraire longe, toujours au plus proche, le littoral et offre non seulement une vue sur mer sans discontinuer, mais aussi l’opportunité de découvrir un paysage côtier extrêmement varié. Sur cette partie du GR34, vous n’êtes jamais très loin de la carte postale ! D’un côté se succèdent criques, pointes rocheuses, côtes sauvages, plages et dunes… De l’autre : marais, patrimoine historique, faune et flore d’exception avec toujours le bleu de l’océan en toile de fond. Suivez les iconiques balises rouges et blanches et à la force des mollets, arpentez le sentier pour faire le plein d’air marin, d’embruns, d’incroyables paysages et de somptueux panoramas. Presqu’île de Crozon, Côte de Cornouaille, Pointe du Raz… les plus beaux sites vous attendent. Quelle que soit la longueur de votre périple, immergez-vous au cœur de la culture bretonne : prenez le temps de visiter les chapelles, les fontaines, les calvaires, les moulins, les mégalithes ou encore les ruines du Moyen-Âge disséminés tout au long de votre parcours. Laissez-vous surprendre par les joyaux du Finistère Sud : les rias, ces rivières qui vivent au rythme des marées, et qui abritent de petits ports de pêche si typiques de la Bretagne. Entre terre et mer, le sauvage et authentique sentier des douaniers en Finistère Sud n’a pas fini de vous séduire !

3 sites à voir sur le sentier des douaniers

La Presqu’île de Crozon et son sublime patrimoine naturel

Si le sentier des douaniers est réputé pour ses paysages à couper le souffle, c’est bien du côté de la Presqu’ile de Crozon que vous en prendrez plein la vue ! Promontoires naturels, caps abrupts, mégalithes, eaux turquoise, le cadre est réellement idyllique. Laissez vos pas vous guider jusqu’au cap de la Chèvre pour profiter d’un panorama à 180° de la baie de Douarnenez jusqu’à la Pointe du Raz. Ne manquez pas non plus la Pointe de Pen-Hir avec en contrebas les fameux « Tas de Pois », une succession de rochers qui mérite d’être prise en photo !

Le port de Doëlan pour découvrir la magie d’une ria

Si vous vous questionnez sur les fameuses rias, faites une halte dans le ravissant port de Doëlan à Clohars-Carnoët. Gardé par deux phares – un vert et un rouge, – et lové dans une étroite et profonde ria dans un écrin de vallons et de vergers, ce petit port de pêche a su conserver son authenticité bretonne. La ria de Doëlan vit au rythme des marées. Les paisibles bateaux de plaisance qui semblent somnoler côtoient les énergiques bateaux de pêcheurs qui animent la rade en fin d’après-midi. Petit port confidentiel, Doëlan avec ses maisons blanches surplombant l’anse, ses chaumières en pierre, ses phares rayés et ses jolies embarcations offre un véritable décor de carte postale !

Le port de Bélon pour savourer une « plate du Bélon »

Dominé par un magnifique manoir édifié entre le 15e et le 19e siècle qui offre une vue imprenable sur l’océan, ce petit port de pêche typique est notamment réputé pour ses huîtres plates au délicat goût noisette, très apprécié par les connaisseurs ! Profitez du retour de pêche de fin de journée pour vous offrir une petite dégustation. Les amoureux de vieilles pierres pourront également grimper jusqu’aux vestiges du fort du Bélon qui veillent, contre vent et marée, sur l’entrée de l’estuaire.